Le milieu de la photographie est très animé à Bamako. Quoi de plus normal pour une ville considérée comme la capitale africaine de la photographie ! Surtout que l’on s’active ici pour l’organisation en décembre prochain, de la onzième édition des Rencontres de Bamako, cette grand-messe de l’image qui regroupe les professionnels de la photographie et de la vidéo du continent africain et de nombreux autres pays du reste du monde.
Dans ce milieu foisonnant de talents divers, il y a un jeune qui commence à s’imposer par son travail et surtout par sa présence à de nombreux rendez-vous photographiques en dehors du Mali.
Né à Bamako il y a 34 ans, Moussa John Kalapo, puisque c’est bien de lui dont nous parlons, est un jeune malien très actif dans de nombreux mouvements associatifs à Bamako, notamment ceux en rapport avec les Techniques de l’Information et de la Communication. D’abord attiré par la vidéo, il a fini par nourrir une passion pour l’image fixe. Ses efforts et ses exploits méritent qu’on en parle !
Après deux années de formation au Centre de Formation en Photographie de Bamako-Hippodrome, ce jeune rasta (dans le cœur et non sur la tête), taciturne et très courtois, a commencé à déployer ses ailes à partir du projet « Archives de la photographie du Mali ».

Les Archives de la photographie du Mali

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Ph. APM/Séance de nettoyage de négatifs avant la numérisation

Ce projet qui a officiellement démarré en octobre 2015, consistait à numériser les négatifs de grands photographes maliens disposant d’importants fonds photographiques comme Malick Sidibé, Abdrahamane Sakaly, Adama Kouyaté, Tijane Sitou, Félix Diallo et Mamadou Cissé. Dans cette activité qui est suspendue avant une probable reprise dans les mois qui viennent, avec des fonds d’autres photographes maliens, Moussa Kalapo, recruté sur test, est l’un des deux assistants techniques chargés de la numérisation aux côtés des représentants des familles des photographes sélectionnés.
Il explique les objectifs de ce projet : « Ce travail est d’autant plus important qu’il permet de préserver un patrimoine photographique que les familles ne peuvent pas elles-mêmes toujours bien gérer et qui peut, soit disparaître, soit se retrouver à l’étranger, comme ce fut le cas du fond photographique de Seydou Keita. Or, ses images font partie de l’histoire du Mali et doivent être conservées pour la postérité.» 

La quinzaine de la photographie au Bénin

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Ph. QPB/Moussa recevant le Prix de l’Initiative des mains du commissaire artistique de la Quinzaine, M. Martial Dansou

 

 

En 2016, à la suite d’un appel à candidatures, Moussa a été retenu à la Quinzaine de la Photographie du Bénin, sur le thème « L’esclavage moderne ». Là-bas, à Cotonou, il a remporté le  deuxième prix appelé le Prix de l’Innovation. Sa série intitulée « Le travail domestiques des enfants » a accroché le jury par la beauté des images et la force narrative qu’elles dégageaient.

 

 

 

Résidence de création photographique au Maroc

Portrait de moi
Ph. IPV/Moussa posant dans le mausolée du roi Mohamed V

En mars 2017, Moussa Kalapo a participé à une résidence de quinze jours à Rabat au Maroc, avec trois autres photographes du Sénégal, de la Tunisie et du pays organisateur, sur le thème « Rabat, l’Afrique en capitale ».

Ph. Moussa Kalapo/Une image de la série « Présences »

Il a présenté une série dénommée « Présences »  Les images ont été exposées dans la Galerie Bab Rouah, du 28 mars au 23 avril 2017.

 

 

 

 

Résidence de création photographique en Afrique du Sud
Début juin 2017, Moussa s’est rendu à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour une résidence photographique d’un mois. Mais cette résidence n’est pas venue de façon fortuite car, elle vient renforcer les capacités techniques de celui qui a été le premier non Sud-africain à obtenir la bourse Tierney de Bamako, fruit d’une collaboration entre la Fondation de la Famille Tierney et les Rencontres de Bamako. Il bénéficie alors pour cela, d’un double mentorat pour une période de douze mois. Ce voyage à Johannesburg faisait donc partie de ce processus de formation dont il bénéficie auprès de Market Photo Workshop qui est une école de formation en photographie et qui gère ladite bourse. Moussa revient très satisfait de ce séjour et il en parle avec plaisir : « J’ai beaucoup échangé avec les professeurs de l’école, fait beaucoup d’exercices de prises de vues qui ont été soumises à des critiques souvent très dures et sans ménagement. J’en viens avec de nombreuses expériences tant dans la façon de travailler que dans la manière de raconter l’histoire d’une personne. »
Le jeune photographe se réjouit aussi d’avoir visité, en plus de galeries, des lieux historiques inoubliables : Workers Museum, Museum Africa, Stevenson Gallery, Constitutional Hill, entre autres.
Quant à son projet photographique à réaliser grâce à cette Bourse, il a choisi de raconter la vie d’un jeune diplômé sans emploi, dans les péripéties de sa vie quotidienne. Ce travail pourrait faire l’objet d’une exposition pendant les prochaines Rencontres de Bamako.

Les Jeux de la Francophonie en Côte d’Ivoire
Moussa représentera le Mali aux VIIIèmes Jeux de la Francophonie qui se dérouleront à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 21 au 31 juillet prochain. Un autre tremplin pour ce jeune photographe qui, certainement, fera encore beaucoup parler de lui.

Avec Moussa Kalapo, la nouvelle étoile montante mais très discrète, de la photographie au Mali, on peut être sûr que la voie royale tracée par des illustres devanciers comme Seydou Kéita et Malick Sidibé, ne sera pas couverte de ronces et d’épines. Bon vent l’artiste !

Shalom